S'il existe des écoles Diwan c'est parce que le breton existe : langue vivante dépositaire d'une culture orale et littéraire unique qui s'inscrit dans une filiation celtique européenne vieille de 2000 ans. Langue d'une nation souveraine jusqu'au XVème siècle, parlée au IXème siècle dans toute la péninsule armoricaine.
En 1900, Sébillot estimait à 1 300 000 le nombre des bretonnants; nous sommes aujourd'hui 400 000. C'est encore beaucoup si l'on compare à l'ensemble des langues minoritaires en Europe occidentale (il y en a une quarantaine) : de 150 000 locuteurs pour les moins parlées à 2 millions et demi pour les plus répandues. Avec moins de locuteurs qu'en Bretagne, mais avec une reconnaissance officielle, plusieurs ne déclinent plus, mais au contraire se développent.
A travers Diwan, c'est la survie de la langue bretonne qui se joue. La possibilité de transmettre notre langue aux générations futures nécessiterait une volonté politique affirmée, dans les médias et dans la vie publique en Bretagne. Dans le cas contraire, la course contre la montre pourrait être définitivement perdue et l'un des éléments les plus importants du patrimoine celtique ne serait plus que curiosité d'archives. Mais au-delà du breton lui-même c'est la démocratie dans l'un de ses fondements, et son respect qui seraient atteints. Défendre le breton, c'est préférer la diversité à l'uniformisation, la variété à la monotonie.
Lisez l'extrait de la conférence de Claude Hagège, linguiste au collège de France, donnant son point de vue en 1988 sur les écoles bilingues Diwan.
Les objectifs de Diwan :
- Offrir une scolarité complète en breton : de la maternelle au baccalauréat
- S'appuyer sur une culture enracinée dans un environnement vivant : beaucoup de personnes, notamment en Basse-Bretagne, parlent le breton au quotidien et de nombreux écoliers ont encore une ou plusieurs personnes dans leur entourage familial, pour qui le breton a été la langue maternelle.
- Permettre à des enfants d'apprendre leur histoire, "à la source" dans la langue commune à leurs ancêtres
- Par le bilinguisme précoce, favoriser un développement psychologique, intellectuel et social riche, et préparer efficacement à la maîtrise de plusieurs langues, nécessité pour les Européens de demain.
- Le rôle de l'école n'est pas uniquement de transmettre un savoir mais aussi de permettre à chaque enfant de construire sa propre personnalité. Une identité culturelle forte donne des repères souvent absents pour nombre de jeunes aujourd'hui. En cela c'est un facteur de socialisation, basé sur la tolérence et le goût de l'échange.